Point macro : la reprise après-crise

Plus d’un an et demi après le début de la pandémie de Covid-19, la reprise économique mondiale se confirme. L’intensification de la campagne de vaccination à travers le monde et la réouverture progressive des économies créent un climat de confiance favorisant une croissance rapide et quasi-généralisée. Les banques centrales (la FED aux Etats-Unis et la BCE en Europe) restent globalement en soutien des économies et maintiennent des politiques monétaires accommodantes, même si ces dernières semaines ont laissé entrevoir une potentielle réduction de ces aides à moyen terme. Ce contexte d’apaisement se retrouve également sur les marchés boursiers qui affichent des niveaux de valorisation très élevés. Les tensions inflationnistes qui émergent en ce moment, notamment aux Etats-Unis, paraissent transitoires et finalement peu préoccupantes pour les investisseurs. Enfin, le Sommet du G7 qui s’est tenu début juin, a été l’occasion d’aborder plusieurs sujets post-crise. Il a notamment été question d’apporter un soutien massif aux pays en voie de développement en leur octroyant 1 milliard de doses de vaccin afin de favoriser un retour rapide vers la croissance, pour ces pays qui affichent du retard dans la campagne de vaccination.
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La reprise économique mondiale est vigoureuse mais demeure inégale

 

Le scénario de reprise économique se confirme. Selon la Banque Mondiale, l’économie mondiale devrait croître de 5,6% en 2021, un chiffre encourageant compte tenu du lourd impact de la pandémie sur l’économie. Les Etats-Unis devraient afficher une croissance de près de 7%, portée notamment par les importantes mesures de soutien budgétaire favorisant le retour de la demande privée et publique. Concernant la zone euro, la croissance pourrait atteindre 4,6% en 2021 grâce à la levée des restrictions qui devrait entrainer un rebond vigoureux notamment du secteur tertiaire. La situation macro-économique de la Chine est également positive et prévoit une croissance de 8% pour l’année.

Des risques subsistent cependant dans les économies en voie de développement qui affichent des retards plus ou moins marqués, notamment sur les campagnes de vaccination. La pandémie a aggravé la pauvreté et les inégalités dans ces pays, dont l’économie dépend souvent des exportations des matières premières. On constate actuellement une hausse du prix de ces matières premières qui devrait se poursuivre sur le long terme favorisant ainsi une sortie de crise plus rapide mais qui pourrait aussi avoir des effets pervers sur les denrées alimentaires, qui représentent la moitié de la consommation des ménages de ces pays.

Par ailleurs, le retour de l’inflation (c.-à-d. la hausse généralisée des prix), notamment aux Etats-Unis, est un point d’attention pour les investisseurs. En effet, une augmentation soudaine et durable des prix provoquerait une hausse des taux d’intérêts ce qui fragiliserait encore un peu plus les pays à faible revenu qui seraient confrontés à l’augmentation des coûts de refinancement de leur dette. Force est de constater qu’à l’heure actuelle, l’inflation, en plus de ne pas être « brutale » ne paraît que transitoire et devrait se stabiliser autour des 2% d’ici la fin d’année, dans les objectifs déterminés par la Banque Mondiale.

 

Sur le plan géopolitique, le Sommet du G7 a été l’occasion d’établir les grandes lignes de l’après-crise.

 

Le Sommet du G7 qui s’est déroulé début juin résonna comme une occasion extraordinaire pour les sept plus grandes puissances de tirer des leçons de la pandémie et de reconstruire de manière plus verte et plus équitable le monde d’après-Covid. En effet, la lutte contre le réchauffement climatique semble être un enjeu de taille pour les dirigeants qui entendent enrayer le recul de la biodiversité d’ici 2030, en protégeant au moins 30% des terres et des mers. Le point le plus important du G7 restera la discussion d’un système fiscal international plus harmonieux, muni d’une imposition minimale sur les profits des entreprises de 15% et d’une taxation plus efficace des géants du numérique. Le président américain est prêt à s’engager vers un multiculturalisme pour une économie mondiale plus juste. Presque aucune mesure contractuelle ne s’est dégagée de ce sommet, bien que la politique de Joe Biden en matière de commerce internationale se veut plus volontariste que celle pratiquée par son prédécesseur Donald Trump. Ce sommet apparait donc comme transitoire en attendant le G7 de 2022 en Allemagne… Enfin, les membres se sont accordés pour octroyer un milliard de doses de vaccin aux pays en difficulté afin de stimuler un retour rapide aux niveaux de croissance d’avant-crise.

Du côté des politiques monétaires et des programmes de soutien budgétaires, là encore il est question de gérer le « lendemain de crise ». En effet, l’amélioration structurelle des économies fait naitre différentes approches et gestion de la part des banques centrales : en Angleterre, aux Etats-Unis et en Chine, la tendance est au « tappering », c’est-à-dire tournée vers une réduction plus ou moins drastique des aides avec la possibilité à court terme d’une remontée de taux mais également d’une baisse des rachats d’actifs. Au Japon, et en Europe, le discours se veut plus mesuré avec des banquiers centraux ayant récemment encore renouvelé leur volonté d’accompagner la reprise économique à travers un « recalibrage » de ces aides.

 

Dans ce contexte, de nombreuses opportunités sont et seront à saisir sur les marchés boursiers

 

L’environnement actuel offre des opportunités sur les marchés boursiers. L’accélération continue de la croissance mondiale et le maintien des politiques de relance budgétaire et monétaire sont favorables aux actifs risqués, notamment à la classe action. Historiquement, les petites capitalisations et les valeurs cycliques ont tendance à davantage profiter de la reprise du cycle économique. Les valeurs de croissance, après une revalorisation boursière, gardent également leur attractivité. Au sein de la zone émergente, il faudra faire preuve de sélectivité ; nous tablons sur une reprise plus forte des pays asiatiques, notamment la Chine, qui est dans un stade beaucoup plus avancé de sortie de crise en comparaison avec les pays africains ou d’Amérique Latine. Le marché obligataire pourrait lui aussi offrir des opportunités, notamment sur la classe haut rendement, dont les obligations nouvellement émises rémunéreraient davantage les investisseurs du fait de taux d’intérêt plus attractifs, à condition que les banques centrales soient actives sur ce sujet.

Une fois de plus, la diversification, tant en classes d’actifs qu’en termes de zones géographiques est de rigueur. Si les niveaux actuels des grands indices sont historiquement hauts, on observe qu’il existe des disparités selon les marchés qu’il convient d’exploiter. Nous n’écartons pas, à court terme, l’apparition d’épisodes volatils ou de corrections techniques mais restons confiants sur la capacité d’une bonne allocation d’actifs à délivrer de la performance à long terme.

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