La holding patrimoniale : un levier discret mais puissant pour structurer son patrimoine
Longtemps réservée aux grandes familles d’industriels, la holding patrimoniale séduit désormais un public plus large d’entrepreneurs et de dirigeants. Derrière ce terme un peu austère se cache un instrument redoutablement efficace pour gérer, optimiser et transmettre son patrimoine.
Une structure qui centralise et organise
La holding patrimoniale n’est pas une coquille vide, mais une véritable « maison mère » de vos actifs. Elle peut regrouper des participations dans des sociétés filiales, des placements financiers ou encore des biens immobiliers. En centralisant ainsi ses avoirs au sein d’une seule et même structure, l’investisseur gagne en clarté et en organisation, tout en protégeant son patrimoine privé : la responsabilité se limite en effet aux apports réalisés dans le cadre des sociétés commerciales (SARL, SAS…)
Chaque holding est unique. Sa forme juridique – société civile, SAS, SCI ou SARL de famille – dépend des objectifs poursuivis, tout comme le régime fiscal à choisir lorsqu’il est possible (IR/IS). C’est pourquoi sa mise en place suppose une réflexion stratégique approfondie et véritable expertise juridique, fiscale et comptable. À ce titre, il est vivement recommandé de s’entourer de professionnels capables de bâtir une structure sur mesure répondant au mieux aux objectifs patrimoniaux de chacun.
La loi de finances pour 2024 est venue préciser le périmètre d’utilisation de cet outil. Elle a notamment confirmé l’exclusion des holdings dites passives (holding financière pure sans objectifs d’animation des filiales) du dispositif Dutreil, et clarifier la situation de la location meublée, considérée comme une activité patrimoniale non éligible.
Pourquoi créer une holding ?
Les raisons sont multiples. La première est d’ordre financier : au lieu de percevoir ses dividendes à titre personnel – et d’être immédiatement imposé au prélèvement forfaitaire unique de 30 % ou sur option à l’impôt sur le revenu avec abattement de 40% auquel il convient d’ajouter 17,2% de prélèvements sociaux –, l’entrepreneur peut les faire remonter et les encapsuler au sein de sa holding.
Il choisit alors de les réinvestir dans d’autres actifs économiques (prise de participation minoritaire, majoritaire dans d’autres sociétés, convention de trésorerie avec ses filiales pour soutenir leur développement…), de diversifier ses placements ou encore de renforcer sa trésorerie. Cette mécanique permet de donner un véritable effet de levier à son patrimoine, tout en différant la fiscalité personnelle.
La holding joue également un rôle clé dans la capacité d’endettement. C’est elle qui emprunte, et non l’individu. L’entrepreneur peut ainsi financer de nouveaux projets sans alourdir son endettement privé, ni immobiliser des liquidités qui seraient autrement taxées.
Mais l’intérêt de la holding ne se limite pas à la gestion quotidienne. Elle constitue aussi une arme stratégique au moment de la transmission d’entreprise. Par le biais de l’apport-cession (article 150-0 b ter du CGI), il est possible de reporter l’imposition sur la plus-value dégagée lors d’une cession, sous certaines conditions de réinvestissement. En matière successorale, la transmission de parts de holding est souvent plus simple et fiscalement plus avantageuse que le partage de biens en indivision. Elle ouvre droit aux abattements classiques – 100 000 € par enfant tous les 15 ans – et peut, si la holding est animatrice, bénéficier sous conditions du régime Dutreil avec une réduction de 75 % des droits de transmission.
Point d’attention
Ne pas avoir sa société holding à 50 ans ne signifie pas avoir raté sa vie bien au contraire. Trop de personnes pensent que la société holding est la panacée de la gestion de patrimoine et la meilleure solution à proposer. Si elle peut répondre aux besoins patrimoniaux de certains, elle ne correspond pas aux besoins de tous.
Il est souvent conseillé de n’apporter à la société holding, que la quote part à céder utile à un réemploi par la suite et de conserver en direct l’autre partie.
La raison est simple : si vous apportez tous les titres dans la holding pour profiter du report d’imposition, il faudra tôt ou tard sortir les sommes et les intérêts générés.
Si la fiscalité de sortie (ex. PFU) a augmenté entre-temps, la facture fiscale peut être plus lourde, car le report ne protège que la plus-value initiale apportée et cristallise le régime fiscal, et non l’augmentation de valeur des titres par la suite.
Des visages multiples
Toutes les holdings patrimoniales ne se ressemblent pas. Certaines sont dites « opérationnelles » car elles pilotent directement des sociétés d’exploitation. D’autres se concentrent sur la gestion financière en investissant dans des actions ou obligations. Il existe aussi des holdings immobilières, centrées sur l’acquisition et la gestion d’immeubles, et des holdings patrimoniales « hybrides », qui regroupent au sein d’une même structure des actifs financiers, immobiliers et professionnels.
Chacune de ces formules répond à des logiques différentes, mais toutes visent un même objectif : donner cohérence et efficacité à un patrimoine dispersé.
Une démarche qui s’anticipe
Si les avantages sont indéniables, la holding patrimoniale n’est pas une solution « clé en main ». Sa mise en place engage sur le long terme et suppose une parfaite connaissance des implications fiscales et juridiques. C’est pourquoi elle doit être construite avec l’appui d’avocats fiscalistes, de notaires ou de conseillers en gestion de patrimoine spécialistes de la matière.
Bien conçue, la holding patrimoniale se révèle être bien plus qu’une structure juridique : c’est un véritable outil de stratégie patrimoniale, qui accompagne l’entrepreneur et sa famille dans la durée…lorsque est bien utilisée et bien paramétrée.
Un article rédigé par la Direction Ingénierie Patrimoniale du Groupe Astoria.
Benoît Berchebru et Marion Zagli